C’est en mai 2020, à la fin du premier confinement, qu’un système d’information de dépistage populationnel (SIDEP) a vu le jour. Le dispositif de surveillance avait pour vocation de récolter l’ensemble des résultats des tests Covid réalisés en France, quelle que soit la technique utilisée : PCR, antigénique ou sérologique. Chef de projet informatique de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), Stanislas de La Selle rappelle que le projet a poursuivi plusieurs objectifs. « Il s’agissait, dans un premier temps, de donner accès aux résultats de tests en temps réel, notamment à l’Assurance Maladie, pour assurer le contact tracing – prévenir les cas contact pour endiguer les chaînes de contamination. Un deuxième objectif était statistique : suivre l’évolution épidémiologique du pays, et donner ainsi la possibilité au gouvernement d’arrêter la stratégie et les mesures nécessaires. Enfin, le système s’inscrivait dans une dynamique de recherche, dans la perspective du travail mené notamment par le HDH (Health Data Hub) ».

En charge de la maîtrise d’ouvrage, le Ministère des Solidarités et de la Santé a mandaté l’AP-HP pour mettre en œuvre ce système d’information inédit. Une pluralité d’acteurs est mobilisée : l’éditeur MIPS, développeur de la solution applicative Cyberlab, Enovacom, qui intervient dans le cadre de toute l’intégrabilité du système d’information (flux entrants et flux sortant) entre laboratoires, Dedalus et sa solution Biocovid, une solution de concentration des données pour les laboratoires privés ainsi que Certigna, filiale du groupe Tessi spécialisée dans la confiance numérique. Des acteurs majeurs auxquels s’ajoutait un certain nombre d’intervenants institutionnels : l’Assurance Maladie, l’ARS ou encore différentes agences gouvernementales chargées d’accompagner l’AP-HP dans la mise en œuvre (CNIL, ANSSI, etc.).

Entre avril 2020 et juin 2022, le développement du portail SI-DEP connait trois étapes successives. Jusqu’en décembre 2020, les efforts se concentrent sur la consolidation pour récolter toutes les informations et données nécessaires à alimenter les différents acteurs. Puis, il a été demandé de réaliser un plus fort volume de tests et, ce, dans des délais plus serrés. Tous les ordres des professionnels de santé ont alors été admis à alimenter SI-DEP avec des tests antigéniques. Nouvelle étape décisive en juin 2021, avec la consolidation et la mise en place du pass sanitaire, d’abord uniquement en France, puis à l’ensemble de l’Union européenne. « Ces différentes phases se sont traduits par plusieurs redimensionnements capacitaires successifs, explique Stanislas de La Selle. Entre autres défis, il a notamment fallu développer un portail pour les professionnels de santé et augmenter la capacité à traiter tous les citoyens français sur notre système ».

Gérer la connexion d’1,8 millions patients en une journée

Certigna est intervenue en juin 2021 sur le projet. Objectif : assurer, en lien avec les autorités, la certification des identifications à la plateforme.  Le pass sanitaire, dans sa première version, utilisait la norme 2D-Doc – un code-barres bidimensionnel pour fiabiliser l’échange de données entre l’usager et l’administration. « Le 2D-doc est un cachet électronique basé sur une matrice carrée pouvant contenir jusqu’à 2 235 caractères, qui a la capacité de pouvoir contenir une grande masse d’informations de manière cryptée, précise Frédéric Tostain, directeur commercial de Certigna by Tessi. Or Certigna est le seul acteur à pouvoir être à la fois autorité de certification, éditeur de 2D-Doc et détenteur de la norme HDS. Nous avons donc travaillé ensemble pour mettre en œuvre extrêmement rapidement ces cachets électroniques visibles qui ont ensuite été adaptés aux nouvelles exigences de la Commission européenne ».  En effet, avec l’élargissement du pass au niveau européen, une nouvelle norme devait être intégrée : le DCC (Digital Covid Certificate). Celui-ci est généré sous forme de QR Code, sécurisé grâce à une signature électronique.

« La valeur ajoutée de Certigna a notamment résidé dans son agilité, souligne Stanislas de La Selle. Cette capacité à agir rapidement, tout comme leur qualification HDS et le label 2D-Doc, ont été déterminants. Deux formats ont ainsi pu être mis en œuvre, un certificat de test et un certificat de recovery. A la clé, un défi technique, et surtout capacitaire : jusqu’à 1,8 million de patients se sont connectés en décembre 2021 au portail dans une même journée pour récupérer leur certificat, soit 30 000 personnes en simultané. Certigna a produit jusqu’à 4 millions de certificats par jour. Rien qu’entre juin 2021 et juin 2022, près de 200 millions de certificats ont ainsi été fournis.

Pour un résultat à la hauteur de l’enjeu. « La France a été reconnue comme exemplaire au niveau européen dans la génération de certificats de test, se félicite aujourd’hui Stanislas de La Selle. L’un des facteurs de succès est d’avoir placé toutes les règles de gestion et toute l’appréhension du système en bout de chaîne. Cela nous a permis notamment, suite à une demande de l’Europe, de rendre les certificats positifs valables comme certificats de recovery ». Un travail passionnant toujours en cours : participant à deux réunions de travail hebdomadaires avec l’AP-HP, les équipes Certigna restent pleinement investies dans l’avancement d’un projet qui, comme le virus lui-même, ne cesse d’évoluer.


CTA : Tessi était présent au FIC avec Certigna et l’AP-HP