Aujourd’hui, les entreprises sont-elles prêtes pour ce changement ?

La maturité des entreprises à ce sujet est différente en fonction de leur taille. Je constate que les grandes entreprises sont déjà bien acculturées. Elles sont dans une expectative, en train d’analyser les cas d’usages pour pouvoir traiter des cas spécifiques à venir. Elles sont dans une dynamique de conduite du changement et ont besoin de planifier cela pour être prêtes. C’est davantage mitigé pour les moyennes entreprises, qui ont conscience des changements à venir mais sont encore à la recherche du bon partenaire pour mettre en œuvre un plan d’action. Elles se posent beaucoup de questions, notamment quant au choix des outils. Enfin, les petites entreprises savent qu’il y a une réforme mais ce n’est pas du tout leur cœur de métier : elles n’en font donc pas une priorité.

Quels sont les différents freins qui persistent pour s’y préparer ?

Là encore, cela dépend de la taille de l’entreprise, car les problématiques ne sont pas les mêmes. Si les petites entreprises sont plus à même de faire un changement, car plus agiles avec souvent une seule personne au cœur de la décision, elles doivent faire un effort d’appropriation de l’outil. Ce n’est pas tant une question de coût, puisque le portail public de facturation (PPF) – l’option de base proposée par l’État – sera gratuit, que de prise en compte d’une nouvelle formalité avec un nouvel outil. Pour les plus grandes entreprises, nous remarquons que la facturation électronique fait partie des changements dont un porteur de projet doit pouvoir convaincre tous les acteurs de l’organisation : cette transformation doit véritablement s’inscrire dans la stratégie, elle touche tout le monde !

Quels sont les principaux risques pour les entreprises qui ne seront pas en conformité avec l’obligation principale ?

Les entreprises auront simplement du mal à continuer leur activité, car il y aura d’abord un impact sur l’économie et la pérennité de l’entreprise. Cela me semble impensable de ne pas pouvoir facturer ses fournisseurs ou payer ses factures. Certaines sont toutefois prêtes à prendre le risque d’une pénalité ou d’une amende. Au-delà de la contrainte financière, il y a aussi le risque d’image, au même titre que le « name & shame » qui est appliqué pour le délai de paiement par exemple.

Pourquoi les entreprises ont-elles, dès aujourd’hui, intérêt à se saisir de ce changement ?

Ce n’est pas seulement une contrainte réglementaire, c’est aussi une opportunité ! L’intérêt principal est l’homogénéisation des pratiques et des systèmes, en interne et avec les autres entités. Cette transformation va induire d’autres changements, notamment à travers les flux et les données générés. Il faudra toutefois être en capacité de les analyser, pour travailler sur différents aspects comme la fraude, la RSE, la trésorerie, etc. Cela permettra d’avoir encore plus de visibilité sur des éléments qui n’apparaissaient pas toujours évidents, et de mieux gérer le rythme de réception des factures également. D’une certaine façon, cela sécurise l’entreprise, optimise les processus et réduit les coûts.

D’autres évolutions sont-elles attendues en matière de facturation électronique ?

Sur le plan réglementaire, nous savons qu’il va y avoir une phase pilote, pour s’assurer que tout fonctionne bien au départ. Il va nécessairement y avoir de nouveaux cas d’usages qui vont en ressortir, et de nouvelles indications pour bien gérer les choses.

Par ailleurs, le mouvement est non seulement européen, avec une homogénéisation à l’échelle européenne d’ici à 2028, mais la plupart des pays dans le monde sont aussi concernés, avec un passage aux flux électroniques pressenti d’ici à 2030. Les bases ont été posées, les évolutions vont continuer. Les entreprises devront être en capacité de se mettre en conformité et donc faire preuve d’une certaine agilité en continu.


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